Injection, tome 1

Lorsque j’ai ramassé le premier tome de Injection chez mon nouveau fourgue habituel en matière de comics US – Tanigami, vu que le Paradoxe Perdu a défuncté – je dois dire que je ne m’attendais à pas grand-chose. Certes, il y a Warren Ellis au scénario – raison pour laquelle je l’ai pris, d’ailleurs – mais ce dernier n’est pas toujours une valeur sûre.

Mais là, Injection s’avère être une très bonne surprise, qui reprend pas mal des thèmes préférés de l’auteur. Jugez-en: dans un avenir à bout tellement touchant que ça pourrait littéralement être demain, cinq personnes, autrefois réunis au sein d’une task force de prospection futuriste, doivent gérer le monstre mémétique qu’ils ont créé.

L’injection du titre, c’est une entité mêlant intelligence artificielle et folklore dans le but de rendre le XXIe siècle « plus intéressant » qu’ils ont « injecté » dans Internet.

Toute personne qui connaît le concept de malédiction chinoise saura que « plus intéressant » n’est pas une bonne idée. Et, en effet, c’est le beusier majuscule, le genre qui échappe à tout contrôle et même à toute définition. Ajoutez à cela la corporation à l’origine de la task force de prospective, qui semble vouloir exploiter les anomalies à des fins commerciales, et vous avez une recette à peu près aussi stable qu’un flacon de nitroglycérine sur un trampoline.

Quand je parlais des thèmes préférés de Warren Ellis, j’entends par là qu’Injection jouer avec la notion d’archéologie fantastique, telle qu’on la retrouve dans Planetary, les unités semi-gouvernementales lutant contre des menaces extraordinaires, comme dans Global Frequency, et même les corporations qui jouent avec des éléments qu’ils ne comprennent pas, à la Nextwave.

Ce premier tome, qui alterne des scènes au présent et des flashbacks datant de la formation de l’Injection, pose la situation de départ et introduit les personnages. On a là un beau panel de personnages de jeux de rôle, avec la scientifique géniale, le folkloriste venant d’une famille de shamans, l’enquêteur façon Sherlock Holmes, la spécialiste en intelligence artificielle et le « stratégiste » au service du MI6.

Au reste, Injection est une inspiration en or massif pour des jeux de rôles fantastiques contemporains, allant jusqu’à emprunter des éléments au mythe de Cthulhu. À mon avis, il n’y a pas grand-chose à faire pour reprendre l’histoire telle quelle pour du Delta Green ou du Laundry RPG.

Vous l’aurez compris: j’ai beaucoup aimé ce premier tome de Injection et j’attends avec intérêt la suite. Warren Ellis – avec ici Declan Shelvey au dessin et Jordie Bellaire aux couleurs – nous propose ici une histoire qui ressemble beaucoup à une œuvre majeure.

Les illustrations ont l’air de rien en plus classique – bien faites, mais pas particulièrement impressionnantes, avec leur style un peu anguleux – mais Injection comporte un certain nombre de scènes impressionnantes, qui posent un décor entre le banal et le fantastique.

Bon, ce n’est qu’un premier tome, mais il pose une ambiance de folie. Il faudra voir ce que ça va donner sur le long terme, mais pour le moment, je suis conquis.

L’avis de Gromovar, qui est paru alors que j’étais en train de rédiger ma propre chronique et que j’ai dû me forcer pour ne pas lire avant d’avoir fini.

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