Vendredi matin, je me baisse pour ramasser la fourre de mon laptop – un bidule qui doit tout de suite peser ses huitante grammes tout mouillé – et je me pète le dos. Samedi matin: je suis à l’EPFL pour Japan Impact, édition 2018, avec six kilos de matos photo sur le dos, un badge presse autour du cou et toujours les lombaires en vrac. Oui, je suis un peu con.
Mais bon, depuis le temps, vous connaissez la routine: convention geek tendance japanim’, ma dame qui cosplaye et moi qui rapplique avec le gros boîtier reflex et les objectifs de concours. D’autant que cette édition est la dixième de Japan Impact et que ma cosplayeuse préférée participe non pas à un, mais à deux présentations dans la journée.
Japan Impact, c’est un petit peu la “petite sœur” de Polymanga, la turbomégaconvention de Suisse romande: elle aussi est née à l’EPFL – École polytechnique fédérale de Lausanne et “poly” de Polymanga – mais elle a gardé une grande partie de son caractère “culture japonaise”, en proposant beaucoup d’activités annexes, ce qui la rend à mes yeux plus sympathique que son alter-ego montreusien.
Ainsi, hormis les concours de cosplays, sur lesquels je reviendrai plus tard, elle propose un grand nombre d’ateliers, de conférences et d’activités en rapport avec le Japon – calligraphie, fabrication de sceaux, origami, karaoké, méditation zen, etc. – ainsi que des concerts d’artistes asiatiques.
La culture geek européenne n’est pas en reste et on pouvait croiser dans les couloirs les auteurs du Donjon de Naheulbeuk – Pen of Chaos himself – de Noob et de Reflets d’acide. Des salles proposaient également des parties de jeux de plateau, de jeux de carte à collectionner, de jeux vidéo (avec une rencontre IRL Pokémon Go) et même de jeux de rôle, ainsi qu’un Manga Café et un Maid Café.
On trouve également bon nombre de stands d’artistes, locaux et régionaux, qui présentent pas mal de fan-art, mais aussi des créations originales. Une poignée d’illustrateurs plus connus, comme Méko, David Revoy (également grand soutien de la culture libre), Julien “Dedorgoth” Cordebar ou Fanélia.
Un peu cachés au fond d’un couloir, le visiteur pouvait aussi trouver deux “musées” (en fait, plus des expositions) sympathiques, l’un sur la mode Lolita et l’autre sur les estampes japonaises. Ils auraient mérité d’être un peu mieux indiqués.
Japan Impact occupe tout le premier étage des deux bâtiments “historiques” de l’EPFL – ceux qui étaient déjà construits à l’époque où j’arpentais les lieux en tant qu’étudiant – ainsi que la galerie du deuxième étage, pour la restauration.
Les lieux ont rapidement été pris d’assaut par une masse compacte de participants très enthousiastes (plus de sept mille d’après les premiers comptages), malgré une pluie froide et insistante. Pourtant, même si certains passages étaient bien obstrués, entre stands et curieux, la foule ne m’a jamais parue oppressante. Cela dit, j’ai souvent béni mon badge “Presse”…
Et puis il y a donc les concours de cosplay. Sis dans un autre bâtiment, le fort biscornu Rolex Learning Center, ils accueillent la fine fleur de la Romandie (et de la France voisine, aussi). Cette année, dixième édition oblige, les organisateurs ont ajouté, en plus des concours individuels et groupes, un défilé spécial anniversaire.
J’ai pu assister au concours individuel et au défilé – j’avoue avoir fait l’impasse sur le dimanche pour soigner ma colonne vertébrale. Et, comme souvent, j’ai été impressionné par le niveau de folie des compétiteurs.
Rappel: la Suisse romande, c’est un bassin de population de deux millions d’habitants – disons trois en comptant les régions frontalières. Malgré ça, on a régulièrement des concurrent·e·s qui se retrouvent sur des podiums dans les compétitions internationales.
Ça se voit: le temps des armures en carton est bel et bien passé, c’est le règne des fioritures, des props qui tuent et des LEDs en pagaille. Qui plus est, on a eu droit à de nombreuses prestations très élaborées, avec des numéros très physiques et avec un réel sens de la mise en scène.
Les concurrent·e·s ont également présenté des personnages peu courants: Eustache, de Courage, le chien froussard, Betty Boop et ce qui, à ma connaissance, est une première francophone: un personnage issu d’un jeu de rôle papier – La Lame d’Argent des Chants de Loss, interprétée par ma dame, avec une Psychée très émue dans le public.
Le défilé anniversaire a été l’occasion pour la convention de faire une sorte de best-of, en invitant des cosplayeuses et cosplayeurs précédemment primés ou qui avaient été fidèles à Japan Impact depuis ses débuts. Pas question de compétition, mais les participant·e·s ont proposé des prestations bien ébouriffantes également, parfois en reprenant les premiers cosplays qu’ils et elles avaient présentés à leurs débuts.
Si vous habitez en Suisse romande, que la culture japonaise – populaire ou traditionnelle – vous intéresse, et que vous ne connaissez pas encore Japan Impact, c’est une grave erreur que vous vous devez de réparer – mais bon, l’année prochaine, du coup. En même temps, j’en doute un peu, au vu de l’affluence.
Ma galerie de photos, sous licence Creative Commons, est visible sur Flickr. Vous noterez que, cette année, j’ai fait un effort particulier sur le légendage.
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