Il est rare que j’aille à un concert sans connaître au moins un petit peu le groupe au préalable. Dans le cas de ce concert de Toundra à l’Usine de Genève, mardi 8 mai, je ne savais pas grand-chose d’autre qu’eux et les deux autres groupes, Darius et What Aleph Said, étaient classés dans la catégorie “post-rock instrumental”. Des fois, c’est suffisant.
Bon, pour être très honnête, j’ai quand même écouté ce que je croyais être le dernier album de Toundra (mais qui est en fait le dernier sur Bandcamp, IV et Vortex sont sortis depuis chez InsideOut). Une fois. Ça m’a conforté dans mon choix mais, d’un autre côté, j’avais déjà acheté mon billet.
Bref, on est mardi, le temps est à l’orage, je sors du bureau, pars casser la croûte au Coin Mousse et go l’Usine!
J’avoue qu’avec un concert en milieu de semaine, qui plus est un semaine de “pont” (avec le 8 férié en France et l’Ascension le 10) et avec des groupes pas vraiment super-connus, je m’attendais à une soirée en petit comité. Erreur: sans aller jusqu’à dire que la salle était bondée, il devait bien y avoir environ 200 personnes qui se pressaient pour découvrir les groupes sur scène.
What Aleph Said lance la machine vers 20 h 30. Le groupe lausannois est en configuration power-trio et se lance dans un post-rock classique, mais énergique. Même les problèmes techniques du guitariste n’entament pas son enthousiasme: batteur et bassiste continuent à jouer, le temps que leur camarade puisse reprendre.
Darius, groupe originaire de Bulle, aligne pas moins de trois guitaristes pour un style qui lorgne bien plus vers le post-metal à la Isis. En temps normal, c’est un exercice plutôt casse-gueule, mais le groupe a suffisamment de bouteille pour arriver à gérer ce trop-plein de saturation. On a droit à des compositions terriblement énergiques et, pourtant, claires. OK, la plupart du temps, quand le groupe ne se lance pas dans le chaos à grand spectacle.
Toundra monte sur scène avec un poil de retard sur l’horaire prévu. Le quatuor espagnol était attendu par ses fans et entend bien montrer que sa réputation n’est pas usurpée. C’est parti pour une heure et demie d’un post-rock musclé, flirtant souvent avec le post-metal façon Isis ou Pelican, avec des sonorités plutôt originales et un guitariste particulièrement enthousiaste qui saute partout.
Quelque part, je regrette de ne pas avoir connu ces trois formations avant. Mes impressions sont donc plutôt générales, mais elles me confortent dans quelques idées que j’avais sur le post-rock et le post-metal.
D’une part, c’est un genre qui est somme toute assez restreint et il semble difficile aux groupes aujourd’hui, après plus de vingt ans d’existence, de développer des sons et des compositions réellement originales. Il y a des développements dans les marges, mais ils restent rares.
D’autre part, l’intérêt du genre est d’entretenir dans ses compositions une tension, perceptible dans ses montées en puissance mais pas seulement. Ce n’est pas un hasard si certains groupes parlent de “rock cinématique”: on a dans ces compositions les mêmes schémas que dans les mises en scène à suspens.
Enfin, le post-rock est une musique qui donne souvent sa pleine dimension en concert. Cette soirée en est un exemple frappant, avec trois groupes somme toute assez divers, pas forcément très originaux dans leurs compositions, mais qui dégagent une énergie et une intensité impressionnantes sur scène.
Bref, très chouette soirée, avec trois belles découvertes (je repars avec deux CD et un t-shirt, en attendant de choper le solde en ligne). Big up au passage à l’Usine, qui non seulement a organisé la soirée, mais qui a aussi assuré un son plutôt bon, voire très bon (peut-être un peu trop fort avec Darius), ainsi qu’aux gens qui se sont déplacés pour la fête.
Photos à suivre, le temps que je fasse le tri à travers la masse de fumée. EDIT: c’est en ligne sur Flickr, sous licence Creative Commons.
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