Le post-rock et moi, vous le savez, c’est un mélange d’intérêt pour un genre instrumental qui est capable de tisser des ambiances impressionnantes et qui, cependant, peine à se renouveler. Si j’ai choisi de m’intéresser à l’album USA 1982 de We Stood Like Kings, c’est parce que la chronique de Totoromoon a su m’attirer en mentionnant le film Koyaanisqatsi, dont cet album est censé être la bande originale alternative.
We Stood Like Kings est un groupe belge qui se définit comme “rock music for silent movies“; leur spécialité est un post-rock instrumental plus post que rock – il paraît qu’on appelle ça aussi du “néoclassique” – avec un piano très présent. Et, comme leur slogan l’indique, ils aiment bien faire des bandes originales alternatives à des films existants, un peu à l’instar de Equus avec son Wie er in die Welt kam.
Ainsi, USA 1982 est un album long, voire très long – surtout à l’aune du post-rock, qui se complaît souvent dans des EP ou des albums courts. Avec onze pistes et plus de quatre-vingt minutes, le groupe prend la direction opposée. Cinq des compositions font entre huit et dix minutes et quatre autres tournent autour de six minutes. En même temps, si We Stood Like Kings veut recréer de toute pièce la bande-son d’un film, autant aller jusqu’au bout; comme Koyaanisqatsi dure 87 minutes, on y est sans problème.
Difficile de parler de l’album sans parler du film: documentaire expérimental juxtaposant des prises de vues de phénomènes naturels et humains – originellement sur une musique de Philip Glass – Koyaanisqatsi propose une vision saisissante – et encore très actuelle, même à près de quarante ans d’écart – du rapport entre l’homme et la nature. We Stood Like Kings a conçu ce film et la musique qui va avec comme la troisième partie d’un triptyque sur les “empires perdus”, après Berlin 1927 et USSR 1926.
Il est difficile de parler ainsi de la musique sans les images qui sont censées aller avec. Cela dit, comme l’album est vendu tel quel, cela signifie aussi que le groupe le conçoit comme capable de tenir debout tout seul. Et, soyons honnête, c’est un plutôt bon album de post-rock. Un peu comme Inhale/Exhale de Glaston, le piano apporte une touche de fraîcheur bienvenue dans le style.
La longueur n’est pas réellement un problème, surtout si on appréhende USA 1982 comme une bande originale de film. Il y a des passages plus calmes et d’autres où les montées en puissance typiques du post-rock font merveille (“Heat Haze” et “Machines”, notamment). Ce n’est pas l’album le plus original du genre, mais il tape juste, avec délicatesse, loin des murs de son tapageurs.
Enfin, c’est un album qui colle très bien avec la lecture de The Electric State – raison pour laquelle j’ai programmé sa publication à la suite de l’article sur le bouquin. Certes, il y a quinze ans (et une grosse uchronie) d’écart, mais les compositions reflètent également bien l’ambiance surréaliste et les paysages de Simon Stålenhag (le bien nommé “Machines” ou l’impressionnant final “Atlas Centaur”).
Si vous aimez le post-rock instrumental et les ambiances de musiques de film, USA 1982 mérite plus que votre attention: une écoute patiente, au minimum. Vous pouvez trouver l’album sur Bandcamp et je suppose que les voir en concert doit être un spectacle plutôt impressionnant.
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