Galaad: Vae Victis

Il y a vingt ans paraissait ce qui est sans doute le meilleur album de rock progressif suisse, j’ai nommé Vae Victis de Galaad. L’occasion pour moi de dépoussiérer la catégorie “Cabinet des curiosités” et vous parler de cette galette exceptionnelle.

Galaad, groupe suisse dont j’ai déjà eu l’occasion de vous parler par la bande, via les albums de L’Escouade et de PyT, était une formation jurassienne qui, auparavant, nous avait déjà gratifié d’un Premier Février, un album-concept très génésiaque, un peu brouillon, mais où pointait déjà les prémisses de Vae Victis.

Mais, à l’époque, je n’en savais rien: j’avais tracté ma dame un beau soir de 1996 jusqu’à Satellite – lieu de mes non-exploits estudiantins passés – pour venir enfin voir Le Voyage de Noz. Galaad en assurait la première partie, une sorte de vernissage pour l’album.

Il arrive parfois que la première partie fasse plus de bruit que le groupe principal. Même si Le Voyage de Noz a assuré, ce soir-là, un concert sans faille, c’est bien Galaad qui m’a fait la plus forte impression, avec un néo-prog énergique et inventif.

Déjà, dans le genre “beau bébé”, Vae Victis est un album d’un sacré gabarit pour l’époque: onze pistes, cinq d’entre elles dépassant les six minutes (avec douze pour “La Loi de Brenn”) et un total de soixante-sept minutes. Rien que.

Musicalement, on sent clairement une inspiration venue de Marillion, mais complètement intégrée dans une interprétation musclée, avec une section rythmique très présente. C’est typiquement le genre de musique que l’on retrouvera quinze ans plus tard, en esprit, dans des formations comme Haken ou Frost*.

Il faut aussi noter le formidable travail d’écriture, certes assez typique des formations francophones, sur les textes. La voix et le parlé de Pierre-Yves Theurillat, qui prend presque des accents de rappeur, y est pour beaucoup. Je suis un peu moins fan sur les sonorités du clavier, qui sont un peu trop vintage.

Le groupe enchaîne les brûlots les uns après les autres: “L’Épistolier”, “Seul”, “Trahison” et l’exceptionnel “Une rose noire” qui conclut l’album. Il y a quelques morceaux plus calmes, comme “La danse de la perte” (dont je me demande à quel point ce n’est pas un hommage à quelqu’un que je connaissais) ou le superbe “Les ondes”, mais qui s’insèrent très bien dans l’ensemble.

Il y a très peu de passages faibles dans Vae Victis: je pourrais citer “Le feu et l’eau” et “À chacun sa cible”, mais “plus faible” ne signifie pas “faible” et c’est le genre de pistes qui pourrait faire le bonheur de n’importe quel groupe normalement constitué.

Si vous ne connaissez pas encore Vae Victis, il est grand temps de rajouter cet exceptionnel album à votre progothèque. C’est une bombe, qui n’a hélas jamais connu de suite: Galaad a splitté quelques temps plus tard sans connaître que consécration, même si un peu tout le monde reconnaît aujourd’hui le caractère révolutionnaire de cet album.

En plus de Vae Victis, on pourrait rajouter sic transit gloria mundi, mais on peut aussi se dire que les météores, même s’ils ne brillent que brièvement, laissent toujours une trace dans les mémoires. À nous de continuer à la faire vivre.

Bonus: “Seul” en concert, une vidéo datant de 1996

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