Au cours d’un récent “défi” sur Wattpad, Cloé et Tat’ de Cestdoncvrai m’ont tagué sur un billet parlant des inspirations. Je n’aime pas les défis, mais… Bref, parlons des inspirations derrière Erdorin / Tigres Volants. J’en avais déjà parlé il y a un moment, lors d’une conférence à La Chaux-de-Fonds, mais je vais reposer ça à plat.
À la base, je crois que j’ai toujours aimé la science-fiction; j’avais onze ans quand j’ai vu le premier Star Wars. Avant ça, j’aimais bien Yoko Tsuno quand ça paraissait dans Spirou (mais je détestais le Scrameustache; allez comprendre).
Surtout, je suis de la « génération Goldorak » (et aussi un peu Star Blazers, qui à l’époque passait sur la chaîne suisse italienne), même si j’ai pour cette série une relation d’amour-haine (cools visuels, scénario naze, générique qui donne envie de se jeter dans un broyeur).
Comme je le dis souvent, Tigres Volants (et Erdorin), c’est à l’origine des fantasmes d’adolescent sous la forme d’alter-ego elfiques. Le tout a dû apparaître entre 1981 et 1982 au milieu d’un perfect storm d’hormones en folie et de découverte quasiment simultanée du jeu de rôle, du rock progressif et de Elfquest.
Autant le jeu de rôle a été pour moi plus une influence en tant que média, ou en tant que forme, autant je ne pourrais jamais assez insister sur l’importance qu’ont eu pour moi Elfquest, la bande dessinée de Wendy et Richard Pini, et mes découvertes musicales de l’époque: Saga, Marillion, Yes, Kansas, Magnum – pour ne citer que les plus importants.
Je ne sais pas si c’est dû à une nature particulière du genre, mais le prog a toujours généré en moi une foison d’images mentales, des films basés sur une compréhension – souvent hasardeuse – du thème du morceau. En bref, une source d’inspiration majeure. Les vieux de la vieille se rappelleront peut-être – certains avec regrets – des citations musicales présentes dans les première et deuxième éditions de Tigres Volants. Et, quelque part, Progressions est l’évolution presque naturelle de cette paternité musicale.
En fait, le jeu de rôle a aussi été une ouverture – via les amis que je me suis fait au club d’alors – vers d’autres œuvres de la science-fiction et du fantastique, plus ou moins connues. Si j’avais lu Bilbo le Hobbit avant, j’ai dévoré le Seigneur des Anneaux et le Silmarillion parce que c’était ZE référence rôliste. Je n’ai appris que bien plus tard que Tolkien ne faisait à l’origine pas partie des références des auteurs de D&D.
Un autre ouvrage lu à l’époque qui est devenu une de mes références littéraires – j’en ai même fait mon ouvrage de matu (= bac suisse) en anglais – c’est Stranger in a Strange Land (En terre étrangère) de Robert Heinlein. Pour un bouquin datant de la fin des années 1950, il était surprenamment d’avant-garde sur le sujet des relations humaines, notamment sexuelles.
Dans un genre différent, je me dois de citer la trilogie-en-cinq-volumes du Guide (à l’époque “du Routard”) du Voyageur Galactique de Douglas Adams à qui, pour la version française, il faut ajouter l’exceptionnel Jean Bonnefoy à la traduction. Ce duo est devenu – avec San-Antonio – une de mes références en écriture, la première preuve pour moi que l’on pouvait faire de la science-fiction sans se prendre au sérieux. Dans les vieux trucs moins rigolos, je citerais également la saga des Lensmen, de “Doc” Smith.
Un classique de la bande dessinée de science-fiction francophone comme Valérian – pas le film tout moisi, la bédé toute géniale – n’est venu que plus tard. J’ai dû les lire à l’époque où mes études à l’EPFL se sont transformées en glandouille majeure à Satellite. Quelque part, je pense que j’ai été plus influencé par une série beaucoup moins connue, Tärhn, prince des étoiles, pour son décalage (surtout dans les derniers albums). Il faudra d’ailleurs que je vous en parle une fois, mais il me manque encore deux ou trois tomes.
Encore plus tard, ce sont des séries littéraires comme le cycle de la Culture, de Iain Banks, ou les sagas Barrayar (Lois McMaster Bujold) et Honor Harrington (David Weber) qui m’ont procuré pas mal d’inspirations.
Et puis, pour en revenir au bandes dessinées, je ne peux pas ne pas citer Adam Warren et son adaptation transhumanisto-secouée de l’animé Dirty Pair, avec un duo d’héroïnes tellement cinglées que Kyoshi et Daethil, des romans Erdorin, font normalcore en comparaison.
Niveau télé et ciné, j’avoue que je suis complètement passé à côté de Star Trek. La série de science-fiction de référence, ça a été pour moi Babylon 5: un cortège de personnages forts et de situations tordues nées dans le contexte particulier d’une station spatiale multiculturelle. J’imagine que, vingt-cinq ans plus tard, ça a passablement mal vieilli, mais c’était blindée d’idées intéressantes et ça montrait des éléments rarement mis en lumière ailleurs (à commencer par les toilettes).
Et puis bon, je pourrais en citer des tonnes d’autres, comme Car Wars, le jeu de plateau de Steve Jackson Games, qui a été à la base des États-Unis dans l’univers de Tigres Volants, avec sa légalisation de l’armement personnel et véhiculaire. Je devrais aussi parler de Buck Godot, la BD de science-fiction signée Phil Foglio – forcément déjantée et un peu sexe aussi. Et d’une autre BD de SF, A Distant Soil, de Colleen Doran, au style à peu près opposé à la précédente.
À peu près tout ce que j’ai vu, lu, écouté depuis plus de cinquante ans doit se retrouver, à des degrés divers, dans l’univers d’Erdorin, j’imagine. On dit qu’on n’est grand que parce qu’on est debout sur les épaules des géants qui nous ont précédés. Moi j’ai l’impression que je suis plutôt accroché à l’élastique de leur slip. Mais bon, c’est un style, aussi…
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Space Opera RPG?
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COMMENT AI-JE PU OUBLIER????