« From Nihil », de Stömb, mon album de l’année 2020

Cet article est le numéro 13 d'une série de 17 intitulée Albums de l'année

Allons tout de suite à l’essentiel: c’est donc à From Nihil de Stömb, que j’ai décidé de décerner le titre d’Album de l’Année 2020. Ça n’a pas été facile: jusqu’au bout – et même un peu au-delà – j’ai vu débouler des albums de très haute qualité.

Pour en revenir à Stömb, leur metal progressif instrumental m’a toujours impressionné par son intensité et son inventivité. Si From Nihil n’est pas parfait, il est tout de même très très bien – et en plus, ça me permet, à ma modeste échelle, de donner un coup de promo sur un groupe dont on on parle peu, je trouve.

Ce choix, je l’ai fait parmi la bagatelle de trente albums que j’avais marqué, tout au long de l’année, comme candidats potentiels. À partir de là, j’ai distillé la liste jusqu’à obtenir treize titres. Pourquoi treize? Parce que j’écris cette chronique dans ce qui est un peu le treizième mois de l’année. En plus, c’est un chiffre qui va bien avec 2020, je trouve.

À ce sujet, petit point méthodo: quand je chronique des albums sur le blog, je ne donne jamais de note. Sur qu’en fait, si. Mais ces notes, je ne les donne que dans mon logiciel de catalogage et de lecture de musique – Apple Music (née iTunes), pour ne pas le nommer. Et le plus souvent, elles sont entre 3.5 et 4.5 sur 5.

Il faut dire aussi que j’ai l’habitude de ne chroniquer que ce que j’aime bien. Pour éviter de perdre du temps (et de l’argent), j’opère une présélection en amont. Du coup, il est rare que je me retrouve avec quelque chose que je n’aime vraiment pas. Et puis j’ai aussi l’habitude de trouver des aspects qui me plaisent même dans les trucs qui ne me plaisent pas. Il y a des exceptions, mais par définition, elles sont très rares.

Pour en revenir aux autres albums, j’ai essayé de les séparer en diverses catégories, mais cette fois-ci, ça s’est avéré plus difficile que l’année passée, où j’avais trois catégories bien propres et nettes.

Post-rock

Une des grosses baffes de cette année, c’est l’album Alignments d’Aesthesys. La formation russe m’avait déjà impressionnée avec Achromata, mais ici, ils se surpassent, avec peut-être l’album de post-rock le plus original depuis longtemps.

En intégrant des éléments électro et synthwave à leur post-rock avec violons, ils nous concoctent une bande-son très cyberpunk, illustrée en prime par des vidéos très évocatrices.

Dans un style proche, mais plus « classique » dans l’approche post-rock, Oscillate le nouvel album du groupe suédois pg.lost, a également été une des très bonnes surprises du genre.

S’il incorpore également des sonorités électro, il reste cependant plus fidèle aux canons habituels du post-rock, avec des grosses montées en puissance électriques.

Je rajouterai à ces deux titres l’album Couvre-sang de DDENT. Long Distance Calling nous a également gratifié d’un très bel opus, avec How Do We Want to Live?.

Post-metal et assimilés

Comme je l’avais mentionné dans la chronique, le précédent album de The Ocean était un des meilleurs de 2018 et ce Phanerozoic II: Mesozoic | Cenozoic se hisse également à ce même niveau.

Entre post-rock et metal progressif, la musique du collectif germano-helvétique pousse très loin les potards de l’intensité. Et si cet album connaît une petite baisse de régime en deuxième partie, c’est juste une petite baisse.

Et puisqu’on parle de Suisses et d’intensité musicale, je me dois de mentionner le nouvel album des Erkonauts, I Want It to End. Stylistiquement, c’est vrai que le progressive-punk-metal est un peu éloigné, mais au niveau patate, c’est du kif.

On peut m’accuser de copinage, vu qu’Ales et son équipe sont des potes, mais je maintiens. Le groupe déploie une énergie absolument démentielle et si, objectivement, la partie prog n’est pas des plus évidente, ça reste quand même très très bon.

En bonus, je dois mentionner Omens, le nouvel album d’Elder, qui pousse lui pas mal plus loin les curseurs du prog sur son stoner-psychédélique progressif.

Metal progressif

Cette année, il y a eu beaucoup de grosse sorties en metal progressif; la plus attendue était sans doute celle de Haken, le deuxième volet de leur diptyque commencé avec Vector et qui, par un hasard malencontreux, s’intitule Virus.

On ne va pas gloser sur le sujet. L’important, c’est la qualité remarquable de cet album qui confirme – si besoin était – la position du groupe anglais parmi les grands noms du genre. Haken, c’est un peu le lien entre metal progressif et rock progressif classique.

Autre sortie majeure de l’année, Panther, le nouvel album de Pain of Salvation. Le groupe suédois renoue avec certaines des sonorités qui, il y a vingt ans, les ont propulsés sur les devants de la scène, tout en y adjoignant des nouveautés.

Du coup, sur cet album, on a certes du metal progressif, mais aussi des sonorités électro, des accents bluesy et le retour du flow rap à la Faith No More. Pain of Salvation évolue, tout en gardant son identité.

Autre retour, celui de Pure Reason Revolution, qui après une absence de plus de dix ans, revient avec un Eupnea impressionnant. Ne manquez pas non plus I LIKE IT!, le nouvel album de Toehider, véritable caméléon de prog-metal, avec ses accents bitwave et power symphonique.

Rock progressif

Riche année sur la scène prog, avec au palmarès une surprise et une confirmation. La confirmation, c’est Lazuli: Le fantastique envol de Dieter Böhm, leur nouvel opus, est un véritable joyau.

D’une part, il confirme l’époustouflante maîtrise des Français au service d’un concept-album et, d’autre part, ce concept-album est une des plus belles déclaration d’amour aux fans, de la part d’un groupe qui m’a toujours impressionné par leur respect du public.

La surprise, c’est le rétro-prog de Wobbler, sur leur nouvel album Dwellers of the Deep. En général, je ne suis pas très client de cette déclinaison du prog, que je trouve souvent très « copier-coller », et Wobbler en particulier ne m’avait pas particulièrement impressionné sur leurs précédents opus.

Sur celui-ci, ils persistent et signent, dans un style qui rappelle énormément le Yes des années septante. Mais, surtout, ils le font avec un enthousiasme et une énergie qui force l’admiration.

Pour rester dans un registre « rétro », mais avec cette fois une bonne raison, je vous conseille également l’excellent album live des vétérans néerlandais Kayak, sobrement intitulé Live 2019.

Trucs plus ou moins folk

De tous les genres musicaux que j’écoute, j’ai l’impression que celui est le plus protéiforme – encore plus que le metal, s’entend – c’est le folk. Ainsi, le nouvel album de Lunatic Soul, Through Shaded Woods, incorpore des sonorités traditionnelles scandinaves et slaves pour un résultat bluffant.

Projet solo de Mariusz Duda, de Riverside, Lunatic Soul explore souvent des styles très différents. Ici, le résultat est quelque chose qui me rappelle, dans l’esprit, les albums de Mike Oldfield, ce mélange entre rock et folk/traditionnel. Dans tous les cas, il est vraiment impressionnant.

Myrkur, elle, a eu une approche plus surprenante: ce Folkesange est un recueil d’adaptations personnelles de chansons traditionnelles scandinaves. Du coup, on est vraiment dans le « pur folk » – si tant est qu’il existe une telle chose.

Ce qui est plutôt surprenant quand on connaît Myrkur pour ses autre productions, à savoir black-metal. D’ailleurs, si myrkur signifie « ténèbres » en islandais, c’est un album qui est lui carrément lumineux.

En bonus, je citerai La Halha, du groupe gascon Boisson Divine, qui nous propose une escapade envoûtante dans un folk médiévalisant.

Black-metal (atmosphérique)

Si on m’avait dit, il y a une dizaine d’années, que le black-metal ferait un jour partie de mes genres de prédilection, j’aurais ricané. Bon, m’opposera que ce que j’écoute en black, c’est quand même la version pour enfants sages. Par exemple, Premonitions, le nouvel album de Sojourner.

Sojourner, c’est un collectif international qui fait une musique que j’appelle volontiers « black-oldfield », pour son mélange black-metal mélodique et folk. Cet album est un des plus réussis du groupe, avec une réelle maîtrise de ces genres disparates, mais qui pourtant vont remarquablement ensemble.

Dans un style peut-être plus rugueux, le projet Violet Cold et son album Noir Kid, qui mélange black-metal atmosphérique, sonorités électroniques et musique traditionnelle d’Asie centrale.

C’est sur qu’on est dans un registre nettement plus extrême et qui ne conviendra pas à tout le monde, mais le résultat est impressionnant d’intensité, une sorte de bande originale cyberpunk qui tabasse.

Si les sonorités orientales vous branchent, je vous conseille également le black-metal védique de Cult of Fire, notamment leur récent diptyque Moksha / Nirvana. Et dans le style black-atmo, je recommande également l’album Chante, ô Flamme de la Liberté, de Serment.

Le reste

Restent huit albums, qui ne tiennent pas vraiment dans les catégories ci-dessus.

Dans les diverses variantes de death, je mentionnerais Countless Skies, pour leur nouvel album ultra-mélodique Glow, le wilderunnien Edge of Eternity, de Lör, ou le monstrueux double live de Septicflesh, Infernus Sinfonica MMXIX.

Dans les parages du power-prog-metal plus ou moins symphonique, je placerais Brothers of Metal pour le très fun (mais très cliché) Emblas Saga, le nouveau Nightwish Human. :||: Nature. (parce que Nightwish), Epitaph de Pyramaze et Dead Elysium de Vanishing Point, et enfin Scardust pour Strangers et son mélange comédie musicale seventies et metal progressif.

Voilà pour conclure 2020, une année certes pas marrante, mais qui au niveau musical n’a vraiment pas à rougir.

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“Stranger Fruit”, de Zeal & Ardor, mon album de l’année 2018“Veil of Imagination” de Wilderun, mon album de l’année 2019

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2 réflexions au sujet de “« From Nihil », de Stömb, mon album de l’année 2020”

  1. il faut donc que j’écoute tout cela…parce que pour l’instant je reste sur la béquille niveau metal, hard récent.

    Il faut dire que j’ai un peu perdu mes repères niveau sites, magasins, etc.

    Répondre
    • Ce que j’écoute n’est pas non plus forcément très représentatif. Encore que le metal s’est énormément diversifié ces dernières années (ou décennies). Même le prog est somme toute devenu très divers.

      Répondre

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